STLL RLLN (Still Rollin’) est un projet de recherche qui tente de faire un parallèle entre la voiture en tant qu’outil usuel, et la pratique de la sculpture, dont la fonction principale est esthétique, voire culturelle. 

Lors de l’achat de mon premier véhicule, j’ai eu envie d’en apprendre davantage sur celui-ci, pour en comprendre le fonctionnement. Rapidement, j’ai découvert une communauté d’individus et de professionnels qui louangeaient le même modèle, et qui s’entraidaient pour garder actifs ces bolides désormais classés “voitures classiques”. 

Au courant d’une année, j’ai parcouru les cours à ferraille de la province en quête de pièces de carrosseries de couleurs différentes afin d’en revêtir ma voiture. Ce faisant, j’ai vu des dizaines de voitures similaires à la mienne, chacune empreinte de sa propre histoire. En gardant un élément de chacune d’entre-elles, et en les apposant sur ma voiture, cette dernière devient donc porteuse de l’histoire et du vécu de ses consoeurs. Ce look aux pièces bigarrées porte le nom de “Arlequin” en faisant référence à ce troubadour coloré et irrévérencieux. 

Par leurs efforts d’entretien, les mécaniens amateurs et professionnels permettent la survie et la circulation de vieux modèles de voiture.  Ainsi, par leurs actions de conservation, ces adeptes s’opposent à un Capitalisme conformiste qui espère un rafraichissement toujours plus rapide du parc automobile. Ce faisant, de vieux véhicules destinés à la fourrière sont relégués au niveau d’objet rare, ou encore d’objet unique, tant ces véhicules ont été modifiés ou entretenus avec minutie et passion. 
En devenant un objet rare, le véhicule quitte ainsi son rôle d’objet usuel, pour atteindre celui d’objet culturel, dont la fonction se rapproche à la sculpture artistique.